Maison Heureuse d'Ans

Sur base d’un projet de 1988, cet établissement a été construit entre 1989 et 1991.
Charles Vandenhove (1) , l’architecte, a intercalé, entre deux maisons d’origine alignées sur la rue, un corps de bâtiment linéaire logeant, sur deux niveaux, six dortoirs. Il y a connecté à l’arrière, via deux corridors très vitrés à rez-de-chaussée, un volume aux façades courbes, implantées sur un plan trilobé, qui abrite une grande salle commune ouverte sur le jardin.

On y retrouve les éléments de son vocabulaire de l’époque : colonnes ioniques stylisées, arcs surbaissés, toitures cintrées en zinc.

Comme dans la plupart des réalisations de Charles Vandenhove, cet édifice intègre les œuvres d’art d’artistes, en l’occurrence Sol LEWITT (2) et Léon WUIDAR (3)

Léon WUIDAR est l’auteur des lambris en tôle émaillée du rez-de-chaussée reproduisant un motif géométrique à base de carrés. Métaphore de l’identité et de la croissance dans ce lieu d’enfance, il propose une suite de trois carrés homothétiques et contigus, un petit, un moyen, un grand, de couleurs différentes.
Cette œuvre peut aussi être vue comme une épure du projet lui-même qui pourrait se décrire comme l’addition d’un troisième volume mitoyen aux deux premiers.

Sol LEWITT intervient dans la même galerie mais au premier étage. Invité à investir la surface verticale de 8 tympans semi-circulaires de 3 m de diamètre. Alors que les lambris de WUIDAR sont des éléments longitudinaux et proches du sol, ce « wall drawing » de LEWITT réalisé avec sa technique habituelle de l’avis d’encre de couleurs superposés, scande frontalement et en hauteur la perspective de la galerie, telles certaines fresques, en imposte, dans les enfilades de la Renaissance italienne.

Sol LEWITT utilise toujours le jaune, le noir, le rouge et le bleu dans ses « wall drawings »
Cette œuvre, qui ne peut être comprise que par le déplacement, accompagne et transfigure les allées et venues quotidiennes, cent fois réitérées des habitants.

Dans cette association artistique, il ne s’agit pas d’une dilution ou d’une disparition de l’un dans l’autre . il s’agit plutôt d’instaurer une dialectique entre es praticiens , riches de leur culture, maîtres de leurs outils, libres de leur pensée. Comme toute dialectique, elle est affaire d’équilibre.

[1]Charles Vandenhove, né le 3 juillet 1927 à Teuven et mort le 22 janvier 2019 à Liège, est un architecte belge. Internationalement reconnu, il est l’architecte de plusieurs bâtiments à Liège dont le balloir, la Résidence Lucien Brull (maison pour étudiants), quai Godefroid Kurth, le Cenltre hospitalier universitaire de Liège (CHU) au Sart-Tilman et la cour Saint-Antoine en hors Château .

[2] Solomon « Sol » LeWitt, né le 9 septembre 1928 à Hartford dans le Connecticut aux États-Unis d'Amérique, mort le 8 avril 2007 à New York, est un artiste américain minimaliste et conceptuel. Voir également ses lambris au CHU de Liège.

[3] Léon Wuidar, né le 18 août 1938 à Liège, est un artiste belge. Peintre et dessinateur, Léon Wuidar est également l'auteur de nombreuses intégrations artistiques ; il a notamment collaboré avec les architectes Bruno Albert, Roger Bastin, André Jacqmain, Philippe Samyn, Claude Strebelle, Charles Vandenhove. Léon Wuidar est membre de la Classe des Beaux-Arts de l'Académie royale de Belgique.

Sources :

Fondation Jeanne et Charles Vandenhove

Charles Vandenhove – Maître d’œuvres (Pierre Chabard – Philippe Vander Maren)

Coédition Bonnefanten Museum – Le Moniteur